Histoires de I’Autre : Un laboratoire joyeux et sérieux pour découvrir l’Autre par la porte du Théâtre-Récit
De janvier à mars 2022, l’association Confluences et la Maison du Récit ont proposé des rencontres dont l’objectif était de questionner le rapport à autrui. A travers douze ateliers de Théâtre-Récit, les participant·e·s ont raconté des expériences, ou tout simplement écouté celles des autres, dans le plaisir du jeu.
Le Théâtre-Récit, c’est quoi ?
Exercé depuis cinquante ans dans plusieurs pays à travers le monde, le Théâtre-Récit est une variante du théâtre d’improvisation classique, dans lequel les personnes peuvent tour à tour être spectatrices ou actrices. Celles et ceux qui le souhaitent racontent un moment de leur vie. Les récits sont ensuite joués avec tous les outils de l’improvisation: musique, chant, mouvement, jeu spontané et parlé.
Pourquoi avoir créé Histoires de l’Autre ?
Histoires de l’Autre est le fruit de la rencontre de deux associations, Confluences et la Maison du Récit, qui se sont fixées comme objectif de réunir des personnes de mille horizons et, grâce au théâtre, de les faire dialoguer, d’élargir leur compréhension de l’Autre et, par effet de miroir, d’elles-mêmes.
De par sa vocation et ses activités, l’association Confluences recueille souvent des témoignages de personnes migrantes qui montrent qu’elles ont un fort besoin de raconter leur vécu – qu’il s’agisse notamment d’exil, de discrimination ou d’intégration – mais aussi de le faire connaître et reconnaître. Leurs récits mettent clairement en évidence leur désir de tisser des liens avec des gens dans leur pays d’accueil et d’avoir un lieu où parler activement le français.
Parmi d’autres activités, la Maison du Récit promeut le Théâtre-Récit en Suisse romande, en le mettant à disposition de tout groupe souhaitant s’appuyer sur une méthode originale, créative et efficace pour honorer la diversité et le respect, et ouvrir le dialogue. Constituée en troupe depuis 2015, la Cie Théâtre du Récit est aujourd’hui forte de 11 acteurs·trices et musicien·ne·s, et met ses compétences au service de représentations et d’ateliers. Sa conductrice est diplômée Leadership Playback Theater de l’école mère de New York.
Comment se sont passés les ateliers de théâtre ?
Chaque mardi après-midi, nous nous sommes réuni·e·s dans une salle de l’espace Néo-Martine. Bien qu’elle soit située en plein cœur de Lausanne, la configuration de la salle nous donnait l’impression d’être isolé·e·s, à l’abri des regards, rien qu’entre nous. Là, tout·e·s ensemble ou en petits groupes, nous nous sommes pas à pas raconté·e·s, en évoquant des bribes de notre vécu, de notre imaginaire et de nos désirs – des lieux perdus ou rêvés, des moments heureux, des départs, des exils et des liens rompus, des attitudes et des propos douloureux car discriminatoires…
Ces récits, nous les avons tour à tour mis en scène en mobilisant gestes, mimiques, mouvements, mots et musique. Pour bien faire, nous étions accompagné·e·s par des professionnel·le·s du Théâtre-Récit qui progressivement, ont partagé avec nous des techniques du théâtre d’improvisation.
Rejouer des bribes de vie, c’était être amené·e·s à se mettre dans la peau de l’Autre et donc à reconnaître son vécu. Mais ce partage a aussi fait naître en nous des sentiments, des liens et une solidarité très forte, qui perdurent bien au-delà d’Histoires de l’Autre.
Pour clore l’expérience, nous avons organisé une représentation publique à Pôle Sud en avril 2022, où les participant·e·s aux ateliers ont pu, pour la première fois, mettre en scène les récits d’un public.
Qui a participé aux ateliers Histoires de l’Autre ?
Les personnes ayant activement participé aux ateliers provenaient de mille horizons, à la fois d’un point de vue géographique, professionnel, linguistique, culturel, générationnel, mais aussi considérant leur statut socio-politique et juridique en Suisse. S’y trouvaient des personnes installées en Suisse depuis longtemps ou toujours, d’autres arrivées récemment ; des individus déboutés du droit d’asile et d’autres au statut de réfugié·e·s ; des migrant·e·s économiques, d’anciens détenus en réinsertion et des jeunes de « deuxième génération », dont les parents sont immigrés.
Comme la participation aux ateliers était facultative, nous nous sommes retrouvé-e-s avec un nombre variable de personnes chaque mardi. En moyenne, nous étions entre quinze et vingt participant·e·s. Rapidement, un noyau dur s’est formé ; c’est lui qui s’est fait un plaisir de monter sur scène lors de notre représentation publique à Pôle Sud.